Little Bouddha
Si je vous dis que j'étais partie acheter du pain et que je me suis perdue, vous allez me croire?
Non, bien sûr, je savais bien qu'à vous, on ne la fait pas.
Et bien ce matin, j'ouvre un oeil, et voilà que je me retrouve littéralement prise d'assauts par une pensée unique et obsédante. Non je n'ai fait rêve ni néolibéral, ni cochon. S'il y en eu un, dont je n'ai à présent le souvenir, ce serait celui de me diriger vers le bureau, de m'y installer, d'allumer l'ordinateur et de rédiger une lettre, après plus d'un mois d'absence. Peut-être aussi ai-je mis l'horrible torticolis qui me mine ce matin sur le compte d'une manifestation revancharde surnaturelle de mes lecteurs, ulcérés de n'avoir pas de réponse à leurs questions. Aïe, c'est bon, je me rends.
- Mais que vous est-il arrivé MissG, allez vous enfin nous révéler ce qui vous détourné de nous pendant si longtemps? Vous nous devez des explications! Voyons, on ne part pas comme ça, sans rien dire, sans donner la moindre nouvelle. Qu'aviez vous donc à l'esprit, pauvre folle?
Et bien pour tout dire, je ne sais pas. Et pourtant, le voyage à Istanbul s'est déroulé à merveille, même si à ma grande déception je n'ai vu aucun derviche tourner. J'aurais d'ailleurs pu raconter des tas de choses amusantes qui s'y sont produites, genre les déboires de Monsieur L. avec des cireurs de pompes un peu trop entreprenants, notre visite intimiste de la grande Mosquée Bleue toute immense et vide de monde, guidée seulement par un type de la sécurité qui avait flairé avant nous le bakchich facile...
Mais non, pas l'envie, pas l'énergie, que sait je, j'attendais de faire mûrir un peu, de réfléchir, de prendre des vacances prolongées. Je n'avais rien à dire, voilà, c'est dit. Ou plus exactement peut-être, peut-être, attendais-je de ressentir un manque...
Et finalement, pour dissiper tous sous-entendus que n'auront pas manqué certains de me lancer perfidement, non et non, je ne me suis pas enfuie avec Wilbur. C'est définitif.
A côté de ce que je n'ai pas fait, écrire, je dois aussi par correction vous mettre au courant de ce que j'ai effectivement fait. Car non, je ne suis pas partie en retraite pour méditer, façon Little Bouddha qui disparaît du regard des hommes pour plus de tranquillité. Non, c'est pas le fan club de la Belle au Bois Dormant ici, c'te feignasse, j'ai bossé moi!
Je me suis donc concentrée sur mes recherches, puisque c'est ce que j'avais de mieux à faire. Et à force de lancer des lignes dans le vide, et bien j'ai fini par avoir quelques touches. Quelques poissons se sont lâchement enfuis, d'autres ont lâché l'hameçon au moment fatidique. J'ai relancé certains autres à l'eau (trop petits, immangeables...). Puis j'ai finalement réussi à pêcher un bon gros poisson. Miam Miam.
J'ai passé quelques entretiens, j'ai rencontré directeur commercial, DRH, puis le directeur régional. J'ai même fait une journée test. Ils voulaient être sûr que je sois sûre, si c'est pas beau... Et après réflexion, négociation du salaire, pesée des pros et cons, et bé j'ai finalement dis oui.
Et je commence... lundi! Je serai commerciale! Oh my God, j'espère que ça va me plaire cette affaire, je n'ai jamais rien vendu de ma vie, nous verrons. Je promets de ne jamais révéler à mes collègues et supérieurs hiérarchiques l'existence de cette pensine, de manière à préserver ma liberté de parole. Ca va saigner.
Bon je file à la poste, il faut que je leur revoie ce contrat signé qui scellera mon avenir proche.
Puis ce soir, c'est champagne.
Non, bien sûr, je savais bien qu'à vous, on ne la fait pas.
Et bien ce matin, j'ouvre un oeil, et voilà que je me retrouve littéralement prise d'assauts par une pensée unique et obsédante. Non je n'ai fait rêve ni néolibéral, ni cochon. S'il y en eu un, dont je n'ai à présent le souvenir, ce serait celui de me diriger vers le bureau, de m'y installer, d'allumer l'ordinateur et de rédiger une lettre, après plus d'un mois d'absence. Peut-être aussi ai-je mis l'horrible torticolis qui me mine ce matin sur le compte d'une manifestation revancharde surnaturelle de mes lecteurs, ulcérés de n'avoir pas de réponse à leurs questions. Aïe, c'est bon, je me rends.
- Mais que vous est-il arrivé MissG, allez vous enfin nous révéler ce qui vous détourné de nous pendant si longtemps? Vous nous devez des explications! Voyons, on ne part pas comme ça, sans rien dire, sans donner la moindre nouvelle. Qu'aviez vous donc à l'esprit, pauvre folle?
Et bien pour tout dire, je ne sais pas. Et pourtant, le voyage à Istanbul s'est déroulé à merveille, même si à ma grande déception je n'ai vu aucun derviche tourner. J'aurais d'ailleurs pu raconter des tas de choses amusantes qui s'y sont produites, genre les déboires de Monsieur L. avec des cireurs de pompes un peu trop entreprenants, notre visite intimiste de la grande Mosquée Bleue toute immense et vide de monde, guidée seulement par un type de la sécurité qui avait flairé avant nous le bakchich facile...
Mais non, pas l'envie, pas l'énergie, que sait je, j'attendais de faire mûrir un peu, de réfléchir, de prendre des vacances prolongées. Je n'avais rien à dire, voilà, c'est dit. Ou plus exactement peut-être, peut-être, attendais-je de ressentir un manque...
Et finalement, pour dissiper tous sous-entendus que n'auront pas manqué certains de me lancer perfidement, non et non, je ne me suis pas enfuie avec Wilbur. C'est définitif.
A côté de ce que je n'ai pas fait, écrire, je dois aussi par correction vous mettre au courant de ce que j'ai effectivement fait. Car non, je ne suis pas partie en retraite pour méditer, façon Little Bouddha qui disparaît du regard des hommes pour plus de tranquillité. Non, c'est pas le fan club de la Belle au Bois Dormant ici, c'te feignasse, j'ai bossé moi!
Je me suis donc concentrée sur mes recherches, puisque c'est ce que j'avais de mieux à faire. Et à force de lancer des lignes dans le vide, et bien j'ai fini par avoir quelques touches. Quelques poissons se sont lâchement enfuis, d'autres ont lâché l'hameçon au moment fatidique. J'ai relancé certains autres à l'eau (trop petits, immangeables...). Puis j'ai finalement réussi à pêcher un bon gros poisson. Miam Miam.
J'ai passé quelques entretiens, j'ai rencontré directeur commercial, DRH, puis le directeur régional. J'ai même fait une journée test. Ils voulaient être sûr que je sois sûre, si c'est pas beau... Et après réflexion, négociation du salaire, pesée des pros et cons, et bé j'ai finalement dis oui.
Et je commence... lundi! Je serai commerciale! Oh my God, j'espère que ça va me plaire cette affaire, je n'ai jamais rien vendu de ma vie, nous verrons. Je promets de ne jamais révéler à mes collègues et supérieurs hiérarchiques l'existence de cette pensine, de manière à préserver ma liberté de parole. Ca va saigner.
Bon je file à la poste, il faut que je leur revoie ce contrat signé qui scellera mon avenir proche.
Puis ce soir, c'est champagne.
