Tourisme spacial à l'oeil
Il m'est arrivé une expérience proche du mystique hier soir. Je vais essayer de rassembler mes souvenirs confus...
J'étais couchée de tout mon long sur un plancher froid, tentant de briser les dernières résistances de mon esprit stressé. Yeux fermés, bras étendus le long du corps, paumes vers le ciel, mâchoires décontractées, sans aucune tension nerveuse ou musculaire. Cet exercice est parfois plus délicat que de monter un cheval sauvage et pré-pubère.
La séance de relaxation s'annonçait difficile, mais ô combien! nécessaire. Je suis seule depuis lundi, l'esprit concentré sur mon efficacité, ma solitude et ma confiance en l'avenir. Et je manque de contacts humains, il faut avouer. (Heureusement, le week-end approche!)
Je focalisai mon attention sur la respiration ventrale, clef de voûte du bien-être et de la détente. Je fis comme on m'a appris, gonfler d'abord le ventre, puis les poumons, ensuite vider les poumons, puis le ventre, comme une vague lente. Les battements de coeur s'apaisent, les muscles se relâchent. Une fois la respiration contrôlée, je portai ma concentration, à partir d'un talon, sur tous les points de contact du corps avec le sol; les mollets, le haut des fesses, le dos, la main, le coude, une épaule puis l'autre, en passant par la tête, jusqu'à retrouver l'autre talon.
J'écoutais la voix douce qui me parlait.
L'exercice était très intéressant cette fois, je m'imaginai inspirer tout naturellement de l'eau, qui ressortait souillée à chaque expiration, devenant de plus en plus claire au fur et à mesure de la purification imaginaire de mon corps. S'imaginer tout son être devenir lourd comme du plomb qui s'enfonce progressivement dans le sable, puis, à l'inverse, se sentir devenir de plus en plus légère. Les points d'appui s'estompent, le corps et l'esprit s'élèvent.
Je dus essayer de sortir mentalement de mon enveloppe corporelle, aussi légère qu'une plume, et de m'élever dans la pièce pour apercevoir mon propre corps, allongé aux côtés des autres. Je m'élevai de plus en plus, frôlant le plafond, puis traversant le toit pour me retrouver dehors, au-dessus de la maison, sans difficulté, sans aucune sensation de froid. Je continuai à m'élever, j'aperçus la rue, puis le quartier, je découvris le Rhône, les tours Goldoresques qui entourent la piscine municipale, les voitures et les trams de la rue de Marseille, les piétons de plus en plus petits sous les réverbères, et au loin, la Basilique de Fourvière, éclairée d'une lumière aussi douce et chaude que celle d'un bougie.
Je pris encore de la hauteur, à présent je voyais la ville dans son entièreté, et toute la région silencieuse autour. La ville n'était déjà plus qu'une tache lumineuse dans la nuit, parmi d'autres, plus lointaines. Mon envol s'accélérait encore, je discernai les contours du pays, étrangement les frontières étaient tracées comme sur une carte routière. Je vis bientôt une bonne partie de l'Europe, et de l'autre côté de l'Atlantique où il faisait encore jour. Le soleil, que je commençais à voir, traçait une ligne précise en plein milieu de l'Océan. Puis les limites du cercle terrestre m'apparurent, dans un doux halo bleuté.
Et moi, je m'enfonçais dans l'espace. La terre devint un ballon bleu, de plus en plus petit.
Pas plus grand, pas plus important qu'une simple goutte d'eau.
Je pensais à ce moment à la folie mégalomane des Hommes, pourtant si insignifiants à la taille de l'Univers. Je pris peur à l'idée d'apercevoir le nuage de feu d'une explosion possible.
Rien de tel n'arriva.
Il faisait noir. J'avais un peu peur. Je me sentis soudain tellement seule, si loin du monde qui est le mien, le nôtre, si petit dans l'immensité. Je continuai pourtant à m'éloigner et à explorer l'Univers proche, celui de notre galaxie, essayant de trouver d'autres corps célestes, des étoiles, des planètes.
A un moment, il fallut revenir. Je sentis une vague de soulagement m'envahir. Je me rapprochais de la planète bleue, qui bientôt occupait à nouveau toute ma vision. Je fis tout le chemin en sens inverse, l'Europe, la France, Lyon tout illuminée, le 7e arrondissement, la maison, et je traversais enfin le toit, pour revenir à moi.
Une goutte d'eau coulait lentement le long de ma joue. Une simple goutte d'eau.
En ouvrant les yeux, encore un peu hébétée, je l'essuyai prestement, pour éviter que mes compagnons de théâtre ne l'aperçoivent.
Le cours commença.
J'étais couchée de tout mon long sur un plancher froid, tentant de briser les dernières résistances de mon esprit stressé. Yeux fermés, bras étendus le long du corps, paumes vers le ciel, mâchoires décontractées, sans aucune tension nerveuse ou musculaire. Cet exercice est parfois plus délicat que de monter un cheval sauvage et pré-pubère.
La séance de relaxation s'annonçait difficile, mais ô combien! nécessaire. Je suis seule depuis lundi, l'esprit concentré sur mon efficacité, ma solitude et ma confiance en l'avenir. Et je manque de contacts humains, il faut avouer. (Heureusement, le week-end approche!)
Je focalisai mon attention sur la respiration ventrale, clef de voûte du bien-être et de la détente. Je fis comme on m'a appris, gonfler d'abord le ventre, puis les poumons, ensuite vider les poumons, puis le ventre, comme une vague lente. Les battements de coeur s'apaisent, les muscles se relâchent. Une fois la respiration contrôlée, je portai ma concentration, à partir d'un talon, sur tous les points de contact du corps avec le sol; les mollets, le haut des fesses, le dos, la main, le coude, une épaule puis l'autre, en passant par la tête, jusqu'à retrouver l'autre talon.
J'écoutais la voix douce qui me parlait.
L'exercice était très intéressant cette fois, je m'imaginai inspirer tout naturellement de l'eau, qui ressortait souillée à chaque expiration, devenant de plus en plus claire au fur et à mesure de la purification imaginaire de mon corps. S'imaginer tout son être devenir lourd comme du plomb qui s'enfonce progressivement dans le sable, puis, à l'inverse, se sentir devenir de plus en plus légère. Les points d'appui s'estompent, le corps et l'esprit s'élèvent.
Je dus essayer de sortir mentalement de mon enveloppe corporelle, aussi légère qu'une plume, et de m'élever dans la pièce pour apercevoir mon propre corps, allongé aux côtés des autres. Je m'élevai de plus en plus, frôlant le plafond, puis traversant le toit pour me retrouver dehors, au-dessus de la maison, sans difficulté, sans aucune sensation de froid. Je continuai à m'élever, j'aperçus la rue, puis le quartier, je découvris le Rhône, les tours Goldoresques qui entourent la piscine municipale, les voitures et les trams de la rue de Marseille, les piétons de plus en plus petits sous les réverbères, et au loin, la Basilique de Fourvière, éclairée d'une lumière aussi douce et chaude que celle d'un bougie.
Je pris encore de la hauteur, à présent je voyais la ville dans son entièreté, et toute la région silencieuse autour. La ville n'était déjà plus qu'une tache lumineuse dans la nuit, parmi d'autres, plus lointaines. Mon envol s'accélérait encore, je discernai les contours du pays, étrangement les frontières étaient tracées comme sur une carte routière. Je vis bientôt une bonne partie de l'Europe, et de l'autre côté de l'Atlantique où il faisait encore jour. Le soleil, que je commençais à voir, traçait une ligne précise en plein milieu de l'Océan. Puis les limites du cercle terrestre m'apparurent, dans un doux halo bleuté.
Et moi, je m'enfonçais dans l'espace. La terre devint un ballon bleu, de plus en plus petit.
Pas plus grand, pas plus important qu'une simple goutte d'eau.
Je pensais à ce moment à la folie mégalomane des Hommes, pourtant si insignifiants à la taille de l'Univers. Je pris peur à l'idée d'apercevoir le nuage de feu d'une explosion possible.
Rien de tel n'arriva.
Il faisait noir. J'avais un peu peur. Je me sentis soudain tellement seule, si loin du monde qui est le mien, le nôtre, si petit dans l'immensité. Je continuai pourtant à m'éloigner et à explorer l'Univers proche, celui de notre galaxie, essayant de trouver d'autres corps célestes, des étoiles, des planètes.
A un moment, il fallut revenir. Je sentis une vague de soulagement m'envahir. Je me rapprochais de la planète bleue, qui bientôt occupait à nouveau toute ma vision. Je fis tout le chemin en sens inverse, l'Europe, la France, Lyon tout illuminée, le 7e arrondissement, la maison, et je traversais enfin le toit, pour revenir à moi.
Une goutte d'eau coulait lentement le long de ma joue. Une simple goutte d'eau.
En ouvrant les yeux, encore un peu hébétée, je l'essuyai prestement, pour éviter que mes compagnons de théâtre ne l'aperçoivent.
Le cours commença.